ANVERS1996VALPARAÍSO

Callao

17 días

07

Marzo 1996

Al tercer día de la escala en Callao, me encontré con dos hombres unos 10 años mayores que yo. Eran dos músicos bolivianos que también andaban viajando, buscando la vida. Al poco rato de saludarnos nos fuimos a tomar una cerveza. El barrio era pobre, pocos vehículos, unos niños jugando a la pelota, entramos a un almacén que también era bar, era medio día. Ellos me contaban que andaban viajando por América Latina cantando en los bares, yo les contaba de los puertos que había conocido y el contexto de mi viaje.

Decidimos cambiar de lugar para ir a comer algo. Al llegar a un pequeño restaurante casero uno de los dos dijo que volvía de inmediato. No recuerdo el nombre de ninguno de los dos. Al rato volvió y sacó de su mochila una bolsa de tela, como las que uso para proteger mis cámaras, llena de marihuana. 

Lleva lo que quieras para Chile, me dijo. 

Rechacé la propuesta. 

Hacía calor, seguimos conversando, tomando cerveza y fumando. Volvió a insistir, no tengas miedo si te llevas esta marihuana vas a poder financiar tu viaje, en Chile la vas a vender fácilmente. El ambiente seguía festivo pero había entendido que no financiaban su viaje con la música. 

Empezó a oscurecer. 

Fui al baño y apareció uno de los dos. Estábamos uno al lado del otro en el urinario. Me puso un cerro de cocaína bajo las narices en la punta de una llave. Dale chileno, me dijo, hoy es una noche de fiesta. No tuve mucho tiempo de reacción y me deje llevar. Habíamos entrado a otro terreno de juego. Me entró la angustia y al volver a la mesa anuncié que ya me iba. Para no quedar mal ofrecí una última ronda. 

Enrolaron otro pito de marihuana, me sorprendió que lo hicieran a vista de todo el local, anteriormente habíamos tomado precauciones. Ya se había descontrolado la noche, lo único que pensaba era el momento para poder salir del bar. 

Llegó el pito a mis manos, estaba de espalda a la entrada del local. Siento una presencia a mi izquierda, dos militares jóvenes uniformados y armados. 

Uno de los dos personajes con los que había pasado la tarde, el con más personalidad, empezó a dar explicaciones, discúlpenos, somos artistas y estamos festejando, entendemos que no está bien y si lo considera podemos pagar una multa. 

Todos al baño ordenó el milico, desenfundó su revolver y nos guiaron al fondo del bar. En el trayecto uno de los dos me dijo, chileno vas a tener que pagar, nosotros no andamos con plata y luego vi que le decía algo al milico. Me dio rabia haberme dejado embaucar por unos traficantes. 

Los militares eran muy jóvenes, no tendrían más de 20 años, su nerviosismo era el mismo que el nuestro. Apuntando la pistola al techo del baño, nos dicen que tenemos que entregar 500 dólares. Ahí se fue todo al carajo, me vi preso en una cárcel 

peruana tratando de comunicarme con mi familia. Se esfumaba la ilusión de mis viejos de ver a su hijo mayor volver a Chile. Una de las grandes angustias de mi padre y mi madre fueron durante todos estos años que no volviera a Chile. Y ahora cerca de lograrlo se estaba arruinando ese sueño. 

En un gesto desesperado me bajé los pantalones y me levanté la camisa para quedar en calzoncillos. No tengo nada, no los conozco, los encontré en este bar, por favor déjeme partir. Los dos traficantes me miraron con cara de odio. El militar de la pistola les indicó que también se bajaran los pantalones. Los tipos se resistieron pero los apuntó con la pistola. Se bajaron los pantalones y tenían los calzoncillos inflados con bolsas de droga. 

Aproveché ese momento para poner el único billete que me quedaba, de 20 dólares, en la mano del militar, lo miré a los ojos y le supliqué que me dejara partir. No me contestó nada pero entendí que me dio la pasada, salí corriendo cruzando todo el bar con los pantalones en los tobillos. Al salir a la calle me los subí sin parar de correr. Corrí, corrí, corrí. No sé si eran las 11 de la noche o las 3 de la mañana. Se cruzó un taxi. Entré al auto y no fui capaz de hablar, no me salían las palabras. El taxista entendió que era extranjero y que venía de una situación límite, empezó a manejar. Al cabo de unos minutos logré decirle, al puerto de Callao por favor. 

Entré a mi cabina y no volví a salir hasta que el barco zarpó, al día siguiente, para Valparaíso.

Le troisième jour d’escale à Callao, j’ai rencontré deux hommes âgés de 10 ans de plus que moi. Deux musiciens boliviens qui voyageaient à la recherche de la vie. Très rapidement, nous sommes allés boire un coup. Il y avait peu de véhicules, quelques enfants jouaient au ballon dans la rue, le quartier était plutôt pauvre. Nous sommes entrés dans une épicerie qui cachait un bar clandestin, il était environ midi.
Ils me racontaient qu’ils voyageaient à travers l’Amérique latine en chantant dans les bars et je leur parlais de mon voyage, des différents ports que j’avais connus et de l’expérience que j’étais en train de vivre.
Puis, nous avons décidé de changer de lieu pour grignoter quelque chose.
A peine arrivés dans un petit restaurant familial, l’un des deux s’est absenté et a précisé qu’il reviendrait immédiatement.
Je ne me souviens pas de leur nom.
Peu de temps après, l’homme est revenu et a sorti de son sac à dos un petit sac en toile comme ceux que j’utilise pour protéger mes appareils photos, rempli de marijuana.
« Prends ce que tu veux pour le Chili » m’a-t-il dit.
J’ai refusé son offre.
Il faisait chaud, nous buvions des bières et fumions.
Il insista de nouveau. « N’aie pas peur, avec cette herbe, tu peux financer ton voyage, tu n’auras pas de mal à la vendre au Chili. »
L’ambiance était encore festive mais j’ai compris à ce moment-là qu’ils ne finançaient pas leur voyage avec leur musique.
La nuit commençait à tomber.
Je suis allé aux toilettes et l’un des deux m’a suivi. Nous étions côte à côte devant l’urinoir; j’étais en train de reboutonner mon pantalon lorsqu’ il m’a présenté de la cocaïne au bout d’une clé et me l’a mis sous le nez. « Vamos chileno, m’a-t-il dit, aujourd’hui c’est la fête. » Je n’ai guère eu le temps de réagir et je me suis laissé emporter. Nous passions donc à autre chose … Cette situation m’a beaucoup perturbé et en rejoignant notre table, je leur ai annoncé que je partais. Pour ne pas être mal vu, j’ai proposé une dernière tournée.
Ils ont roulé un autre pétard sans se cacher et cela m’a beaucoup surpris car auparavant nous faisions extrêmement attention. La nuit avait pris une toute autre tournure. Quitter le bar était à ce moment-là mon unique volonté.
L’un deux me passa le joint, je tournais le dos à l’entrée du bar. Soudain, j’ai senti une présence à ma gauche, deux jeunes militaires en uniforme et armés se tenaient à côté de moi.

L’un des deux personnages, celui qui avait le plus de caractère, essayait de leur donner quelques explications: « Excusez-nous, nous sommes artistes et nous faisons la fête, nous comprenons que ce n’est pas bien mais nous pouvons payer une amende si cela est nécessaire. »
« Tout le monde aux chiottes », ordonna l’un des militaires, sortant son pistolet et nous pressant au fond du bar. En chemin, l’un des deux voyageurs me dit: “Chilien, tu vas devoir payer, nous n’avons pas d’argent », et puis je l’ai vu chuchoter quelque chose au soldat. Comment avais-je pu tomber dans ce piège de traficants ? J’étais enragé, hors de moi.
Les soldats étaient très jeunes, ils avaient à peine 20 ans, ils semblaient aussi angoissés que nous. Pointant leur arme vers le plafond, ils nous dirent que nous devions payer 500 dollars. Tout est alors parti en vrille, je me suis vu dans une prison péruvienne essayant de joindre ma famille. L’illusion qu’avaient mes parents de voir leur fils aîné revenir au pays s’évanouissait alors que je savais que c’était l’une de leurs grandes préoccupations. Si près du but, ce rêve se dissipait.
Dans un geste désespéré, j’ai baissé mon pantalon, soulevé ma chemise restant en caleçon. « Je n’ai rien, je ne les connais pas, je les ai rencontrés dans ce bar, » les suppliant de me laisser partir. Les deux trafiquants me regardaient en me haïssant. Le militaire armé leur demanda de baisser également leur pantalon. Les deux hommes résistèrent mais l’un des militaires pointa son arme sur eux. Ils baissèrent leur pantalon, ils avaient les caleçons remplis de sacs de drogue.
J’en ai profité pour mettre le seul billet de 20 dollars qui me restait dans la main d’un des deux soldats, je l’ai regardé dans les yeux et l’ai supplié de me laisser partir. Il ne m’a rien répondu mais j’ai compris qu’il n’allait pas s’y opposer, j’ai couru à travers tout le bar, mon pantalon autour des chevilles. En sortant dans la rue, je l’ai remonté et j’ai couru, couru, couru, couru… Je ne sais pas s’il était 11 heures du soir ou 3 heures du matin. Un taxi est passé par là. Je suis monté dans la voiture et il m’était impossible de dire un mot.
J’étais sans voix. Le chauffeur du taxi a compris que j’étais étranger et que je sortais d’une situation extrême, il a commencé à conduire. Après quelques minutes, j’ai réussi à lui dire: “Au port de Callao, s’il vous plaît”.
Je suis entré dans ma cabine et n’en suis ressorti que le lendemain, lorsque le bateau est reparti pour Valparaíso.

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