ANVERS1996VALPARAÍSO

Anvers

17 días

01

Marzo 1996

L’accord avec l’entreprise était simple : 1 000 dollars américains en espèces que je devais remettre au capitaine. Cette valeur me donnait droit au voyage d’Anvers à Valparaíso aussi longtemps que durerait ce voyage et 3 repas par jour.
Nous sommes arrivés à Anvers, nous avons bu quelques bières avec Eric et il m’a laissé sur le quai.
Je suis monté à bord, j’ai donné l’argent au capitaine qui m’a dit : « Maintenant tu es un membre de l’équipage, tu es sous mon commandement et ta seule obligation est d’arriver avant l’heure de départ des ports où nous ferons escale ; si tu n’es pas à l’heure, je ne t’attendrai pas. »
Il m’a offert un cognac et m’a indiqué ma cabine.

El acuerdo con la compañía era simple, 1000 dólares en efectivo en manos del capitán. Ese valor me daba derecho al viaje de Amberes a Valparaíso el tiempo que durara, con 3 comidas al día. Llegamos a Amberes, nos tomamos con Eric unas cervezas y me dejó en el barco. Subí a bordo, le entregué la plata al capitán y me dijo: “Ahora eres un tripulante más, estás bajo mi mando y tu única obligación es llegar antes de la hora de zarpe en los puertos que paremos, no te voy a esperar si no estás”. Me ofreció un brandy y me indicó mi cabina.

Eric Hanesse, un ami, m’a emmené à Anvers dans sa voiture.
Lorsque j’ai commencé à chercher quelles étaient les possibilités de voyager en cargo jusqu’à Valparaíso, deux options se sont présentées, une compagnie allemande et une compagnie polonaise. La moins chère était la polonaise. Le navire devait accoster au port d’Anvers avant de mettre le cap sur l’Atlantique.
Nous avons chargé mes malles dans la voiture d’Eric, nous devions retrouver le KRAKÓW II.

Eric Hanesse, un amigo, me llevó en su auto a Amberes. Cuando empecé a averiguar qué posibilidades existían de viajar en barco carguero hasta Valparaíso, se presentaron dos opciones, una compañía alemana y otra polaca. La más económica era la polaca. El buque iba a atracar en el puerto de Amberes antes de zarpar hacia el Atlántico. Subimos mi equipaje al auto de Eric, teníamos que encontrarnos con el KRAKÓW II.
Dans mes malles, j’avais quelques vêtements, des livres, des disques, une chambre photographique, un agrandisseur, une radio, une lampe de chevet, une carte du monde que mon père m’avait offerte et mon Leica avec lequel j’ai pris les photos du voyage.
Llevaba en esos baúles un poco de ropa, unos libros, mis discos, una cámara de placa, una ampliadora, una radio, una lámpara de velador, un mapa del mundo que me había regalado mi viejo y mi Leica con la que hice las fotografías del viaje.
Ma cabine était la 212. Elle avait un lit d’une place et demi, un fauteuil avec une table qui servait de bureau et une salle de bain.
Mi cabina era la 212. Tenía una cama de plaza y media, un sillón con una mesa que me servía de escritorio y una sala de baño.

Tout l’équipage était polonais, il y avait 23 marins à bord. Le pavillon de la compagnie maritime était également polonais.
Cinq jours environ après le début de la traversée, quelqu’un a frappé à ma porte.
Je me suis inquiété.
Je me suis demandé ce que j’avais bien pu faire…
J’ai ouvert, un homme d’un mètre quatre-vingts se tenait dans l’encadrement de la porte.
Il portait une grande moustache rousse.
Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : « Rodrigo, coman drink a vodka… »
Je ne pouvais en aucun cas refuser cette invitation.
Nous nous sommes retrouvés dans sa cabine avec un autre marin.
Ils étaient tous les deux mécaniciens, Kuciñski Adam et Manciniak Stanislas.
Sur la table, il y avait deux bouteilles de vodka, une boisson gazeuse sucrée et un pot de gros cornichons.
Il devait être environ 16 heures.
Nous avons commencé à boire, ils m’ont raconté leur vie de marin, mais ils voulaient surtout savoir qui j’étais.
Ils m’ont avoué qu’ils pensaient que j’étais un activiste de Greenpeace qui espionnait.
Ils furent finalement convaincus que ce n’était pas le cas.
En moins de deux heures, il ne restait plus une goutte d’alcool.
J’ai dû boire une demi-bouteille et ils s’étaient chargés du reste.
Quand je les ai quittés, je n’ai pas pu retrouver mon chemin.
Je me suis perdu et il m’a fallu une éternité pour retrouver ma cabine.
J’ai passé 48 heures sans sortir de ma chambre, à reprendre mes esprits !
Eux, reprenaient leur service à 20 heures, le soir même.
Ils avaient, sans aucun doute été envoyés par l’ensemble de l’équipage pour dissiper le doute sur la raison de mon voyage.

Toda la tripulación era polaca, eran 23 marinos y la bandera de la naviera también era polaca.
Como a los 5 días de navegación tocaron a la puerta de mi cabina.
Me preocupé.
Pensé que algo había hecho mal.
Abrí y ahí estaba un hombre de más de un metro ochenta de estatura.
Con un bigote amplio y colorín.
Me miró a los ojos y me dijo: “Rodrigo, coman drink a vodka…”
No podía fallarle al desafío.
Nos juntamos en su cabina con otro marino más.
Los dos eran mecánicos, Kuciñski Adam y Manciniak Stanislas.
En la mesa había dos botellas de vodka, una bebida dulce gaseosa y un frasco de pepinillos.
Deben haber sido como las 4 de la tarde.
Empezamos a tomar, me contaron de sus vidas de marinos, pero sobre todo querían saber quién era yo.
Me confesaron que pensaban que era un activista de Greenpeace que estaba espiando.
Finalmente se convencieron de que no era el caso.
En menos de dos horas ya no quedaba una gota de alcohol.
Me debo haber tomado media botella y ellos el resto.
Al salir de la cabina, no supe encontrar el camino hacia la mía.
Me perdí y me demoré una eternidad en volver a encontrarla.
Estuve 48 horas sin salir de mi habitación, recuperándome.
Ellos reanudaban su turno a las 8 de la noche esa misma tarde.
Sin duda habían sido enviados por toda la tripulación para disipar dudas sobre el motivo de mi viaje.

L’unique moment où nous avons eu une mer agitée qui ne nous permettait pas de nous tenir debout fut sur le Canal de la Manche. Je suis monté sur la passerelle de commandement et j’y ai passé toute la nuit, tout l’équipage naviguait très concentré. On voyait comment la proue s’enfonçait dans la masse noire de la mer puis s’élevait vers les étoiles.
La única vez que tuvimos mares agitados que no nos permitieron mantenernos en pie fue en el Canal de la Mancha. Subí al puente de mando y pasé toda la noche ahí, toda la tripulación navegaba muy concentrada. Uno veía cómo la proa se enterraba en la masa negra del mar y luego se elevaba hacia las estrellas.

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